Depuis la généralisation du télétravail, de nouveaux comportements émergent dans les entreprises. L’un d’eux intrigue autant qu’il interroge : le coffee badging. Derrière ce terme anglo-saxon se cache une pratique bien réelle et de plus en plus répandue dans les environnements hybrides : venir au bureau quelques heures, souvent autour d’un café, pour socialiser ou se faire remarquer… puis repartir travailler chez soi.
Symbole d’un retour au bureau sous conditions, le coffee badging révèle les tensions et adaptations qui traversent les organisations aujourd’hui. Il questionne notre rapport au temps de travail, au management, mais aussi au collectif. Dans cet article, on décrypte cette tendance, ses origines, ses implications… et comment y répondre de manière alignée.
Phénomène en plein essor, le coffee badging consiste à venir brièvement au bureau pour “faire acte de présence”… avant de repartir en télétravail.S’il peut sembler anecdotique, il révèle en réalité un manque de clarté managériale autour du travail hybride.
Le coffee badging désigne une pratique simple : se rendre au bureau pour une courte durée — souvent le matin — le temps d’un café, d’une poignée de discussions avec des collègues ou d’une réunion, puis repartir travailler à domicile. L’expression vient de l’idée de "badger" à l’arrivée, prouvant sa présence, tout en contournant les exigences implicites du travail en présentiel.
Ce comportement est apparu aux États-Unis dans le sillage du retour progressif au bureau post-Covid. Face à des politiques de présence obligatoire jugées trop rigides, certains salariés ont opté pour cette solution intermédiaire : faire acte de présence, sans renoncer aux bénéfices du télétravail.
Selon une étude menée par Owl Labs en 2024, 44 % des salariés hybrides ont déjà pratiqué le coffee badging. Ce sont majoritairement des millenials, plus enclins à expérimenter de nouvelles formes de flexibilité. Et si la pratique peut faire sourire, elle soulève des enjeux RH très concrets.
Si le coffee badging connaît un tel engouement, c’est qu’il répond à plusieurs besoins bien réels exprimés par les salariés en travail hybride. Le premier est sans doute le besoin de recréer du lien social, dans un environnement professionnel où les interactions informelles se sont raréfiées. Partager un café, échanger quelques mots en présentiel, permet de maintenir un sentiment d’appartenance sans pour autant renoncer à son autonomie.
Autre avantage évoqué : l’évitement des contraintes logistiques. En ne venant que quelques heures au bureau, les salariés esquivent les heures de pointe, les trajets fatigants ou encore les repas à l’extérieur. Une manière pragmatique d'optimiser son énergie et son temps, tout en cochant la case “présence au bureau”.
Le coffee badging peut aussi être vu comme une stratégie implicite pour être vu par sa hiérarchie. Dans certaines entreprises, la culture du présentéisme reste ancrée. Être brièvement présent physiquement, même sans rester toute la journée, peut suffire à maintenir sa visibilité et à rassurer les managers sur son implication.
Cette pratique joue sur les frontières floues entre présence, engagement et efficacité, tout en laissant une certaine marge de manœuvre aux collaborateurs.
Le succès du coffee badging n’est pas anodin : il révèle une zone grise managériale dans de nombreuses organisations. Derrière cette pratique se cache une difficulté à articuler clairement les attentes liées à la présence physique, à la performance et à la vie d’équipe.
Certaines entreprises n’ont pas encore défini de cadre lisible autour du télétravail : combien de jours au bureau ? Pour quelles activités ? Quelles sont les attentes implicites en matière de présence ? Faute de réponses claires, les collaborateurs improvisent. Le coffee badging devient alors une réponse douce à une injonction floue.
Ce phénomène interroge aussi la persistance du présentéisme, sous une forme modernisée. Être vu au bureau — même brièvement — reste parfois un levier de reconnaissance, quand la productivité ou la qualité du travail réel sont plus difficiles à évaluer à distance.
Enfin, cette tendance illustre un besoin : celui d’outils et de règles claires pour cadrer l’hybride. Sans cela, chacun interprète les attentes à sa manière, au risque de générer des frustrations, des inégalités ou des malentendus au sein des équipes.
D’un côté, le coffee badging peut sembler inoffensif, voire bénéfique. Il permet un retour progressif au bureau, favorise une certaine forme de socialisation et offre aux collaborateurs un compromis entre liberté individuelle et obligations collectives. Pour les équipes en transition vers un modèle hybride, cette flexibilité peut aider à rétablir le lien sans brusquer les habitudes.
Mais il y a un revers à la médaille. Le coffee badging peut devenir un signe de désengagement s’il est pratiqué uniquement pour “faire acte de présence”. Il peut aussi générer des tensions entre les collaborateurs : ceux qui jouent pleinement le jeu du présentiel peuvent percevoir les coffee badgers comme moins investis, voire comme privilégiés.
Côté entreprise, il existe un risque de perte de contrôle sur l’organisation du travail si les règles ne sont pas clairement définies. Dans un contexte où l’immobilier de bureau représente un coût important, ne pas savoir qui vient, quand, et pour quoi faire, peut conduire à des espaces mal utilisés et à une gouvernance floue.
L’enjeu est donc d’encadrer la flexibilité, sans la brider. Pour cela, il faut des règles claires, des attentes explicites et des outils adaptés pour rendre visibles les pratiques… sans tomber dans le flicage.
Plutôt que de subir le coffee badging ou de tenter de l’interdire, les entreprises ont tout intérêt à le voir comme un signal. Un signal d’un besoin d’adaptation, de clarté, d’outillage. Le sujet n’est pas de savoir si un salarié “badge” ou pas, mais de réaligner les attentes des équipes et de l’organisation.
Encadrer le travail hybride ne signifie pas rigidifier, mais donner de la lisibilité : qui vient quand, pourquoi, avec quelles règles ? C’est à cette condition que les entreprises pourront tirer le meilleur de leur flex office ou de leur politique de télétravail.
Chez Deskare, c’est précisément ce que nous permettons : une solution simple et intuitive pour organiser les jours de présence, rendre visibles les plannings, fluidifier les interactions, et piloter les espaces de travail avec des données concrètes. En bref, aligner la flexibilité individuelle avec les besoins collectifs.
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