Le bureau à l'heure de l'auto évaluation

Future of work
September 2, 2025
Publié par
Vianney
Cet article est issu de la conférence tenue par Vianney Goater, CEO de Deskare, lors du Salon de l’Environnement de Travail et des Achats, en mars 2025.

A l’heure du travail hybride, des “nouveaux modes de travail” et du Future of Work, le rôle du bureau ne cesse d’être questionné et repensé.

Vianney Goater, CEO de Deskare, propose deux indicateurs qui permettent de recadrer les débats en intégrant des variables multiples dans l’équation du bureau moderne.

Cet article fait suite à celui sur le premier indicateur, le coût par visite.

Le bureau face à la multiplication des injonctions et interlocuteurs

Rarement les projets immobiliers ont généré autant de complexité, de par la multiplication des interlocuteurs impliqués dans un déménagement, réaménagement ou une évolution de schéma directeur.

Ainsi, il n’est pas rare de voir aujourd’hui rassemblés autour de la table, dans le fameux “groupe projet” qui organise et décide de ces projets d’ampleur :

  • Direction des Achats
  • Direction des Ressources Humaines
  • Direction de l’Environnement de Travail
  • Direction de l’Immobilier
  • Direction de la Communication Interne
  • Direction RSE
  • Direction des Systèmes d’Information / de l’IT
  • Représentants du Personnel et CSE
  • et bien sûr… Direction Générale

Avec cette multiplication des interlocuteurs vient une multiplication des attentes, dont on se demande bien vite si elles ne finissent pas, à force de s’amonceler, par se contredire entre elles.

Ainsi, le bureau idéal devrait concilier :

  • Bien-être des occupants, pour pallier la Grande Démission et attirer / fidéliser les talents
  • Efficacité et sobriété énergétique, pour répondre aux défis du changement climatique
  • Productivité des salariés, priorité des directions générales après la généralisation du télétravail et la méfiance qui s’en est suivie
  • Pragmatisme économique dans une conjoncture compliquée par l’incertitude post-Ukraine et post-Trump

Comment, dès lors, ces séances de “groupe projet” peuvent-elles éviter la cacophonie des injonctions contradictoires ? Quels aspects du bureau idéal prioriser ? Comment justifier, pour un DET, des décisions d’aménagement particulières ?

Une équation pour (faire) réfléchir

Face à la complexité de ces projets, les pistes de réflexion les plus simples sont parfois les meilleures.

Après plusieurs années passées à échanger avec des Directions de l’Environnement de Travail et à déployer notre solution d’expérience collaborateurs, nous avons la conviction qu’il est d’abord primordial dans ce genre de projet de bien définir les priorités pour décider de l’allocation des efforts. Hors, cette définition ne peut se faire que par l’alignement des parties prenantes.

Dans cette configuration, le rôle du DET / Directeur Immobilier est plus de poser des (bonnes) questions que d’apporter des réponses toutes faites. En effet, à partir des priorités définies par les parties prenantes, l’exécution du projet immobilier sera d’autant plus facile.

L’intérêt du “Score de succès”, tel que nous proposons de le calculer (sur un pur modèle d’auto-évaluation), est multiple :

  • C’est un indicateur simple, que tout le monde peut rapidement calculer à un instant T sur la base de son expérience personnelle du bureau
  • Il couvre les principales injonctions les plus couramment répandues autour du bureau moderne
  • Son mode de calcul rend évident l’identification des pistes d’amélioration qui peuvent avoir un impact réel sur la satisfaction des collaborateurs

Un succès à plusieurs variables

Cet indicateur multi-variables est une piste de réflexion plus qu’un indicateur scientifique. Il vise, par une formule mathématique schématisée, à montrer l’importance de différentes variables dans le projet de conception ou de réaménagement d’un site de bureaux, et l’impact qu’ont ces variables entre elles.

Ces variables devront par la suite être priorisées, en fonction de leur score et de la facilité à obtenir rapidement des améliorations (les fameux quick wins), en vue d’obtenir dans les meilleurs délais une amélioration significative au fil du temps.

Ainsi, il est souvent plus facile de faire passer l’évaluation d’un facteur de 2/10 à 5/10 que de 9/10 à 10/10.

Le score de succès est un chiffre sur 1 000, qui se calcule de la manière suivante :

Score de succès = (Efficacité * Attractivité * Sérendipité) /  Rigidité

Au numérateur, les vecteurs de succès du bureau

Chaque variable se mesure sur une échelle de 1 à 10.

Au numérateur, plus le score est grand, plus le score de succès sera élevé.

Efficacité :

Sur une échelle de 1 à 10, à quel point mon site fournit-il facilement aux collaborateurs les moyens d’être productif ?

Penser à : est-il facile de trouver un poste de travail quand j’en ai besoin ? Une salle de réunion ? Un espace collaboratif ? Un espace d’isolement ? Les écrans et le matériel de visioconférence fonctionne-t-il bien ?

Attractivité :

Sur une échelle de 1 à 10, à quel point mon site donne-t-il envie aux collaborateurs de venir ?

Penser à : le matin, à quel point l’aménagement du bureau me donne envie de m’y rendre ? Sa localisation ? Sa capacité à être desservi facilement par une offre de transports en commun accessible ? Est-il lumineux ? Végétalisé ? Bien chauffé / refroidi ? Le restaurant d’entreprise est-il qualitatif ?

Sérendipité :

Sur une échelle de 1 à 10, à quel point mon site actuel permet de créer des interactions inattendues entre collaborateurs qui ne sont pas amenés à se croiser via leurs tâches quotidiennes ?

Penser à : y-a-t-il des espaces conviviaux ou de rencontre (cafeteria, tisanerie…) ? Où sont ils situés ? Dois-je me déplacer pour aller à un étage de salles de réunion, et donc prendre le risque de croiser par hasard des collègues d’autres départements ?

Au dénominateur, les freins au succès d’un site de bureau

Au dénominateur, à l’inverse, plus le score est élevé, plus le score de succès sera faible.

Rigidité :

Calcul : sur une échelle de 1 à 10, à quel point mon bureau et son aménagement sont-ils rigides aux changements futurs d’aménagement et de conjoncture ?

Penser à : en l’état actuel des choses, est-ce que mon site serait capable d’absorber (même de manière contournée / dégradée) un changement brusque de conjoncture ? Une vague de recrutements ? Des licenciements ou une séparation d’entité ? La modification de besoin d’une ligne de métiers (plus de collaboratif, plus de salles de réunion…) ?

Ainsi, chacun peut, par auto-évaluation, calculer son propre score de succès de site à partir de son auto-appréciation de chacune de ces variables. Mais ce n’est pas tout : calculer ce score a un instant T a un intérêt limité (n’ayant pas de valeur scientifique en lui-même), ce qui est le plus intéressant est son évolution dans le temps.

Comment faire évoluer son score de succès

Avoir cette équation en tête permet ainsi d’interroger les salariés directement, en leur demandant d’évaluer chacune des variables séparément, à partir des clés de lecture fournies ci-dessus (exemples donnés pour faciliter leur réflexion).

Voir aussi : le template de questionnaire pour interroger ses salariés sur le flex office

Ainsi, à partir de leur évaluation chiffrée (et commentaire), le score peut se calculer à intervalles réguliers. En effet, ce n’est pas tant le score à un instant donné qui compte (pour se comparer ou se situer) que son évolution dans le temps, en tentant d’identifier des “quick wins” : ces actions à faible effort et fort impact qui permettent de regagner le plus vite possible des points dans chacune des variables.

La construction de cet indicateur (fraction) implique plusieurs choses :

  • Faire tendre la rigidité vers 1/10 (le plus bas score) améliorera automatiquement le succès du bureau (et de fait, son adaptation à des conjonctures imprévues qui éviteront des déménagements ou autres solutions coûteuses le cas échéant). Pour cela, penser au mobilier modulaire, aux cloisons mobiles, aux postes de passage ou encore aux solutions permettant l’électricité sans câbles...

  • Prendre en compte l’effet démultiplicateur : le numérateur étant composé d’un produit, chaque variable a un effet démultiplié sur le score. Il convient donc, dans les discussions de groupe projet, d’identifier les facteurs du numérateur sur lesquels on peut avoir, au plus vite, l’impact le plus fort.

  • Privilégier les facteurs à forte marge d’amélioration : comme dit précédemment, il est souvent plus facile de passer de 2 à 5/10 que de 9 à 10/10. Exemple : si votre bureau donne déjà très envie de venir par son aménagement, mais que son efficacité (qualité du matériel IT etc.) est très mal notée, alors il vaut sans doute mieux investir plus dans ce matériel qu’ajouter encore des services supplémentaires…

Voilà, il ne vous reste plus qu’à mettre au point un court questionnaire, l’envoyer à un groupe test, recueillir les résultats, calculer votre score… Et présenter vos conclusions et recommandations à votre hiérarchie !

En espérant que ce petit exercice d’abstraction vous serve à de grandes réflexions, et vous donne envie d’interroger vos collaborateurs sur leur expérience du bureau… pour le rendre toujours plus attractif !

PS : chez Deskare, notre solution d’expérience collaborateur agit sur les 4 facteurs en même temps, et réduit simultanément le besoin d’outils qui communiquent souvent mal… Si vous souhaitez creuser le sujet ensemble, prenons rendez-vous ou écrivez-moi directement !

À propos de l'auteur

Vianney est cofondateur et CEO de Deskare. Diplômé d'HEC Paris et Polytechnique, il a cocréé Deskare pour solutionner un problème rencontré par des centaines d'entreprises interrogées lors de ses études. Conférencier sur le Future of Work, il intervient à de nombreuses reprises lors d'évènements (Worknight, Salon de l'Environnement de Travail et des Achats...).